Amarande Girot est employée par la Communauté de Communes Ouest Aveyron Communauté située à Villefranche-de-Rouergue, petite ville à une cinquantaine de kilomètres de Rodez, le chef-lieu de l’Aveyron. Engagée depuis quelques mois, elle nous livre sa vision de la culture telle qu’elle la perçoit et pour laquelle elle œuvre au quotidien.

La jeune femme commence son parcours personnel et professionnel en Aveyron, sa région natale. Après un baccalauréat littéraire, elle se pose la question de savoir ce qu’est le fait de vivre en pleine nature, d’expérimenter le travail de la terre. Elle décide d’aller faire du WWOOFing, c’est-à-dire du bénévolat dans divers types de fermes en France : « Faire quelque chose de mes mains, c’était la première envie. » . Le projet était également d’arpenter d’autres paysages et d’apercevoir des ruralités différentes. À la suite de ces expériences, c’est vers une licence en art du spectacle à Montpellier qu’Amarande se dirige, une formation qu’elle décrit comme très théorique, dispensant des cours particulièrement accès sur la critique d’œuvres théâtrales et chorégraphiques. Après deux ans, elle intègre finalement une licence professionnelle à Albi, en Gestion de projets et structures culturelles et artistiques avec une mention Développement culturel en territoires ruraux. L’envie de voir concrètement le milieu professionnel de la culture avait fini de la résoudre à changer de département et à prendre un tout nouvel angle de vue, plus incarné, de ce qu’est le spectacle vivant, entre autres. Cette formation-ci a trois champ principaux d’études : la logistique du montage de projets, puis tout ce qui était de l’ordre de la ruralité (sociologie, étude des publics, etc) et enfin l’aspect artistique et culturel, notamment abordée avec des intervenants professionnels. Pour la jeune femme, « cette Licence a pris du sens quand j’ai trouvé mon stage de trois mois au Département de l’Aveyron au service Développement culturel ». C’est alors l’entrée pour elle dans une collectivité territoriale, un type de structure ayant une dynamique à part entière. Lors de cette première expérience professionnelle, elle a pour mission de réfléchir à la mise en place d’une offre culturelle portée par le Département. Une initiative inédite pour un organisme qui se place toujours en accompagnatrice de projet, non en programmatrice. L’animatrice rencontre de nombreux acteurs du territoire, artistes, programmateurs, responsables de structures, etc. qui l’ont amené à être en prise directe avec la notion de réseau, essentiel d’après elle dans la culture en milieu rural. Une expérience révélatrice pour cette animatrice culturelle alors en devenir, entre politique, développement culturel et ruralité, qui l’a amené à prendre le poste qu’elle occupe aujourd’hui.

La culture en milieu rural : entre initiatives, richesse, réseau et politique

À l’issue de son stage, Amarande Girot est prise au poste d’animatrice culturelle au sein du service du réseau de la lecture publique à la Communauté de Communes d’Ouest Aveyron Communauté. Ce service a pour mission de coordonner ce qui se déroule au sein des bibliothèques des communes déléguées à cette collectivité. C’est un rôle essentiel, ce réseau étant considéré par la structure comme « le premier élément culturel de proximité. ». Autrement dit, bien plus que n’importe quel autre équipement culturel, ce sont les bibliothèques qui sont les plus présentes sur le territoire. Même les communes les plus reculées de l’ouest aveyronnais ont accès à une bibliothèque environnante. Ce réseau semble donc être un enjeu de taille pour faire lien entre culture et habitants. L’animatrice, dont la formation n’est pas axée sur le monde du livre, découvre avec engouement cette dynamique : « Il y a une force du réseau et des actions des bibliothèques. C’est une force d’avoir ce genre de lieu et c ’est ça qui permet de développer des choses. Ça vient de personnes motivées, bénévoles ou pas. ». D’ailleurs, la culture en milieu rural, dit-elle : « est à taille humaine. La culture c’est de la proximité. J’ai envie de dire ça manière générale, ça vaut pour tous les territoires, parce que même symboliquement ça a du sens de dire ça. Mais dans un milieu rural c’est encore plus le cas. ». Cependant, faire une comparaison entre culture artistique en milieu rural et en milieu urbain n’a pas de sens selon elle. « Il y a plein de ruralités, plein d’urbanités différentes. ». En revanche, si une caractéristique devait être retenue de la culture rurale, ça pourrait bien être la prépondérance de la notion de réseau. Étant donnée l’étendue du territoire, l’importance de connaître les différents acteurs présents et les valeurs des structures qu’elles portent semble être essentiel. La question est de connaître la toile, le tissage social qui est à l’origine des initiatives culturelles dont il s’agit. Finalement, si un portrait de la culture en milieu rural devait être ébauché, ce serait peut-être ce savant mélange entre initiatives, politique et territoire. Comme un réseau où tout se lie, un territoire où tout existe déjà et où le rôle de la culture serait de proposer des terrains de rencontre entre habitants et actions culturelles sur fond de paysage aveyronnais qu’il s’agit de ne jamais trop oublier.

Les représentations de la notion d’action culturelle

Amarande Girot explique que la notion d’action culturelle porte en son sein une ambiguïté significative, une zone de flou quant à ce qu’elle comprend factuellement. « Je me rends compte que souvent l’action culturelle est un mot qui fait peur, entendu comme trop grosse responsabilité ou trop gros chantier. ». La question est de savoir ce qui est mis derrière ces termes, tant du côté des élus, que des structures de programmation culturelle ou bien des organismes publics. Les titres de postes et de missions sont divers dans le milieu de la culture : médiateur culturel, animateur culturel, chargé de mission, coordinateur de projet, etc. Mais entre médiation et coordination, il est souvent difficile de cerner où cela commence et quand cela s’arrête. La jeune femme parle de « compétence culture » comme une assignation étant attribué ou non à certains services de structures publiques. C’est en fait une caractéristique attribuée ou non par les élus, qui définissent alors ce qui peut sêtre o u non considéré comme relatif aux enjeux culturels. Amarande Girot le précise bien, ce n’est pas propre au milieu rural : « C’est une question d’acteurs qu’il y a déjà sur le territoire, leur impulsion, le travail qu’ils y font. ». Il s’agirait alors de continuer à œuvrer pour un développement culturel sans oublier de rappeler avec attention en quoi toutes ces actions répondent à des enjeux culturels et sociaux. Ne pas oublier en quoi cet épanouissement du territoire est porté par des professionnels qui sont au plus près de la notion de culture, d’art et de publics et de l’articulation entre toutes ces dynamiques.

Iris Feuillet

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