En dépit d’une fermeture partielle des lieux pour cause de rénovation, le musée des Augustins à Toulouse laisse néanmoins ouvert au public l’accès au cloître et à l’église où se tient actuellement l’exposition « Théodule Ribot (1823- 1891). Une délicieuse obscurité », du 16 octobre 2021 au 10 janvier 2022.

LA GENESE DE L’EXPOSITION

Cette nouvelle exposition témoigne d’un intérêt singulier pour la figure d’un peintre méconnu, Théodule Ribot, auquel se mêle un goût pour le naturalisme du XVIIe siècle espagnol et napolitain, ainsi que pour la tradition réaliste et sociale de la seconde moitié du XIXe siècle. Le projet, imaginé avant la pandémie de Covid-19, a pu être maintenu afin de trouver une réalisation en dépit des travaux de rénovation du musée.

Loin d’être une pure monographie, l’exposition permet de dévoiler les sources d’inspiration de ce peintre autodidacte qui a trouvé la nature grâce aux maîtres anciens. Dans le même esprit, elle montre également comment d’autres peintres trop peu connus comme BonvinGautierVollon ou Bail ont partagé avec Ribot mais aussi avec Courbet et Millet des idéaux artistiques et politiques.

Image : Affiche officielle de l’exposition. Musée des Augustins de Toulouse.

LE PARCOURS D’EXPOSITION

Photographie : Mathilde Besse. Entrée de l’exposition. Musée des Augustins de Toulouse.

L’exposition Théodule Ribot s’organise autour de quatre sections permettant d’appréhender l’œuvre de Ribot à travers un parcours thématique : 1. Dans la cuisine de Ribot – 2. Sous le scalpel de Ribot – 3. Un jardin secret : les paysages – 4. La fable.

Parmi les quatre thèmes, je fus davantage séduite par les natures mortes, présentées au début du parcours et mise en confrontation, entre autres, avec des toiles du maître Chardin, tout à fait exceptionnelles. En effet, comme il n’y avait pas grand monde le jour de ma visite (nous devions être une quinzaine seulement), j’ai pu avoir la chance et le loisir de m’approcher des toiles et d’apprécier la spécificité de la technique du peintre : un intense clair-obscur et l’utilisation de couleurs denses qui permettent de donner de la force et du contraste à ses compositions. De plus, la touche épaisse participe à créer des effets de matière et des jeux avec la lumière assez surprenants.

  • Photographies : Mathilde Besse. Vues de l’exposition au Musée des Augustins.
    Reproductions des œuvres de Théodule Ribot – Musée de Picardie et Musée de Caen.

Pour faciliter la visite et afin de mieux identifier les différents artistes exposés, les tableaux de la main de Ribot sont présentés sur des cartels fond noir, ceux des maîtres du XVIIe et XVIIIe siècles sont sur des cartels fond vert et ceux des maîtres contemporains de la deuxième moitié du XIXe siècle sont sur fond rose. J’ai trouvé la démarche très astucieuse car elle m’a permise de replacer en un coup d’œil le contexte de l’œuvre.

J’ai aussi particulièrement apprécié l’espace dédié à la documentation sur l’exposition. Une grande frise chronologique avec les date clés de la vie de l’artiste est affichée au mur. Dans ce coin, où se trouve des livres pour les jeunes enfants et une petite table, sont également exposés des ouvrages en lien avec l’exposition pour le grand public. Ainsi, on peut trouver des livres d’histoire de l’art sur le mouvement du réalisme, sur le genre de la peinture morte, sur des artistes comme Courbet ou Chardin, mais il y a aussi des livres de vulgarisation sur un thème comme, par exemple, Histoire d’une couleur. Noir de Michel Pastoureau ou encore des romans sur l’époque du peintre comme Le Ventre de Paris d’Emile Zola. Je trouve cela très commode quand on a envie d’approfondir de sujet ou de feuilleter des beaux catalogues d’exposition en lien avec notre visite.

  • Photographies : Mathilde Besse. Exposition Musée des Augustins.

L’exposition « Théodule Ribot. Une délicieuse obscurité. » est rapide à faire (45 minutes suffisent pour voir l’ensemble des œuvres et déambuler tranquillement dans les différents espaces), tout en étant accessible au plus grand nombre. En effet, les textes d’introduction à chaque nouveau thème sont concis, sobres et clairs. Le code couleur des cartels (cf. supra) et les informations fournies sont utiles et cernent bien l’intérêt de l’œuvre en quelques phrases. Par ailleurs, l’association et la confrontation entre les œuvres de Ribot avec celles des maîtres qui l’ont inspiré et celles de ses contemporains, apporte une plus grande richesse à l’exposition dans son ensemble.

Si vous êtes amateur de la peinture et du style réaliste, adepte des sujets assez austères comme la nature morte, le portrait social des paysans et des artisans, la peinture de religion et d’histoire, cette exposition devrait vous plaire. Alors n’hésitez pas à y jeter un coup d’œil si l’occasion se présente !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share Article: