La Chapelle Saint-Jacques est un centre d’art contemporain de 200 mètres carrés, se situant dans la commune de Saint-Gaudens (31). Sa construction date du XVIIe siècle mais cette dernière fut peu à peu abandonnée par l’évêché en raison d’une rénovation
trop coûteuse. Cédée alors à la commune de Saint-Gaudens en 1991, elle devient un lieu d’art contemporain avec une première rénovation en 1992 et une dernière en 2013, pour répondre aux normes d’accessibilité. C’est l’occasion d’un nouveau départ, pour mettre en avant la dimension artistique et culturelle du lieu, plus que son aspect religieux sans pour autant l’effacer. En 2018, la chapelle Saint-Jacques devient officiellement centre d’art contemporain. Elle accueille désormais 17 000 visiteurs chaque année pour un budget de 300 000 euros. Celle-ci se donne plusieurs missions telles que : le soutien à la création, notamment grâce aux résidences d’artistes, la démocratisation culturelle et l’accessibilité, par le biais de médiations et documents adaptés, ou encore la valorisation de ses expositions grâce à l’édition d’ouvrages.
L’accessibilité et la médiation culturelle à la Chapelle Saint-Jacques
À l’occasion de notre dernière visite de la Chapelle Saint-Jacques, nous avons fait la rencontre de Véronique Fauvet-Lamonerie, médiatrice culturelle au sein de ce centre d’art contemporain. L’une de ses missions principales en ce lieu est de développer et de fidéliser les publics. De multiples actions sont alors mises en place pour tendre vers cet objectif, à commencer par l’organisation d’événements hors les murs pour faire connaître le lieu. Récemment, la Chapelle a fêté ses trente et un an dans divers lieux de la commune de Saint Gaudens : la médiathèque Cœur Coteaux Comminges, le square Azémar, le pré du Saudet. L’occasion pour le centre d’art de réaffirmer sa volonté d’inclusivité et d’ouverture à tous les publics. Cette volonté se traduit d’ailleurs au quotidien par la mise en place de la gratuité des visites.
L’accessibilité se crée également par la circulation des informations. Plusieurs dépliants explicatifs sont alors conçus pour une seule et même exposition. Ainsi, un premier dépliant, de police classique sur fond blanc, est lisible par les adultes voyants. Un second, en plus gros caractères et de couleur jaune, est accessible aux personnes ayant une deficience visuelle. De plus, des textes synthétiques et simplifiés sont proposés pour les enfants, les personnes en situation de handicap mental, ou encore les adultes qui préféraient lire un résumé.
Le centre s’est également équipé de chaises-cannes mises à disposition des publics à mobilité réduite, ainsi que d’une tablette électronique pour présenter les œuvres présentes à l’étage, afin de leur garantir une découverte sereine des expositions.
Afin de diversifier au mieux leur fréquentation, l’équipe du centre d’art s’est intéressée à l’inclusion des bébés de 0 à 3 ans, public bien souvent oublié des lieux culturels. Le centre met ainsi en place des actions adaptées en partenariat avec les crèches des alentours. Concernant la médiation des enfants, Véronique Fauvet-Lamonerie a développé le concept des “capes de médiation”. Le principe : les enfants accrochent des éléments en velcro sur une cape à leur taille, en fonction de ce qu’ils observent autour d’eux (des formes, des couleurs que l’enfant voit dans l’œuvre). Cela leur permet d’appréhender l’œuvre, dans ce qu’ils observent et ressentent. Les parents sont invités à réaliser cette activité avec leur enfant, pour à la fois partager un moment de complicité mais aussi participer eux-même à la médiation de l’œuvre. À la fin, parents et enfants peuvent se vêtir des capes et prendre une photo souvenir. Cette activité nécessite un travail de réflexion, de création de la médiation puisqu’à chaque nouvelle exposition, les éléments en velcro changent et s’adaptent aux œuvres proposées. Le travail de médiation ainsi réalisé a plusieurs objectifs : faciliter l’appréhension d’œuvres d’art contemporain par des enfants, leur ouvrir une porte sur la culture, créer une habitude culturelle dès le plus jeune âge, ouvrir une nouvelle perspective sur la culture aux parents.
L’édition à La Chapelle Saint-Jacques
La directrice de la chapelle Saint-Jacques, Valérie Mazouin, nous a parlé du domaine de l’édition, fort présent au sein du centre d’art. C’est effectivement une tradition bien ancrée dans le champ de l’art contemporain. Les expositions font souvent l’objet d’une restitution écrite et imagée qui permet de garder une trace, qui tente de retracer le contenu sur un format papier après qu’elles aient eu lieu. Les centres d’art éditent, créent et diffusent du contenu à travers des livres, mais cela peut aussi comprendre des films, des CD, etc. La chapelle Saint-Jacques prône la créativité avant toute chose, ainsi il n’y a pas de ligne éditoriale prédéfinie et figée, les artistes et graphistes ont carte blanche pour proposer des formats, des techniques originales. Et c’est que nous avons pu constater à travers la diversité des ouvrages édités par la chapelle, à raison de deux éditions par an : de petits livres souples dotés d’une reliure avec double agrafe, des livres plus imposants en dos carré collé, des journaux… Afin de diffuser leurs éditions à un public plus large, les textes de celles-ci sont rédigés en français et en anglais. La structure collabore également avec l’entourage des artistes ainsi que des professionnels pour la rédaction des textes qui peuvent avoir une forme de récit poétique. En revanche, elle qui éditait un exemplaire de journal par an issu du travail de deux graphistes travaillant en duo, a décidé de réduire le rythme pour un exemplaire tous les deux ans.
Le budget consacré à l’édition est très conséquent, et peut monter jusqu’à 25 000€. Le Centre National des Arts Plastiques (CNAP) peut soutenir les éditeurs, en accordant des aides jusqu’à 8 000€ aux projets d’édition imprimée ou numérique, toujours dans l’optique de promouvoir l’art contemporain.
Article rédigé par des étudiant•e•s M1 parcours CAM et MEV : Ilyas Benhamiche (M1 CAM) Manon Bernard (M1 MEV) Annaëlle Blin (M1 MEV) Flore Chupin (M1 MEV) Léa Degardin (M1 MEV) Elia Lajeunie (M1 MEV) César Noguera (M1 CAM) Nadia Perlès (M1 MEV) Heloïse Rebiffé (M1 MEV) Fanny Seailles (M1 MEV) Clothilde Sevestre (M1 CAM) Florent Truyens (M1 CAM) Margaux Vilarem (M1 MEV)
octobre 2023